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LE GWO KA, MUSIQUE DE LUTTE, DE RESISTANCE … ET AUSSI D’ESPOIR

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LE GWO KA, L’AME DE LA GUADELOUPE : MUSIQUE DE COMBAT ET DE RESILIENCE

© Instagram : @happyman-photography

Le Gwo ka est considéré comme l’âme de la Guadeloupe, tant il est porteur d’histoire, de messages et de perpétuation des traditions.

 

Cette musique (ainsi que les chants et les danses qui y sont associés et qui portent le même nom) tire ses origines dans la pérennisation des sonorités musicales venues d’Afrique avec les esclaves des anciennes plantations.

 

Pour les esclaves, malgré les interdits du Code Noir et des esclavagistes, la musique était un moyen de fuir, de s’évader et de communiquer entre eux, au même titre que le furent la langue, les apparats capillaires ou encore la cuisine.

Musique d’appropriation par les esclaves pour continuer à vivre, malgré la douleur et la déshumanisation …

Le ka (qui vient de « quart », le tonneau que s’étaient appropriés les esclaves pour danser et chanter) est issu d’une histoire tragique, douloureuse. Mais cette musique est symbole d’espoir car elle repose sur tout le drame de l’esclavage durant lequel les esclaves utilisaient la musique pour exprimer leur désir de liberté et leur lutte contre le système esclavagiste. Le Gwo ka était également un moyen pour les esclaves de s’évader, de vivre des joies lors des heures sombres de l’esclavage en Guadeloupe.

Le Gwo ka, c’était avant tout une manière d’exister, de vivre et d’être au sein d’un Etat esclavagiste déshumanisant pour l’homme noir et la femme noire.

 

Cette musique, longtemps mal vue au sein de la société guadeloupéenne car trop associée aux esclaves, a survécu à la période esclavagiste et est venue s’affirmer au sein de la culture et du patrimoine de la Guadeloupe,. C’est ainsi que le Gwo ka est aujourd’hui inscrite depuis 2014 à l’inventaire du patrimoine immatériel de France à l’UNESCO.

 

Le Gwo ka est une musique née de la vie et des sentiments du peuple guadeloupéen à l’époque esclavagiste. Le Gwo ka est donc une musique de joie, de peine, d’amour, de peurs.  C’est pour cela qu’il existe tant de rythmes différents, chacun étant porteur d’un état d’âme des esclaves qui peuvent être rapide, sensuel, lent, répétitif, spirituel, langoureux, festif, etc.

Chaque rythme est révélateur d’une émotion et d’une étape de la vie quotidienne de l’esclave.

Le Gwo ka se pratique sur 7 familles de rythmes qui sont sublimés par le joueur de tambour (qu’on appelle ‘le tambouyé’).

© Instagram : @marycreaart

 

LES 7 RYTHMES DU GWOKA

Le KALADJA

C’est un rythme le plus souvent lent mais qui peut également être joué rapidement. Il peut donc évoquer la joie que la peine, mais le tout empreint de sensualité. Ce rythme serait originaire du Congo.

 

Le GRAJ

Un rythme pour stimuler le travail dans les champs et qui est donc lié véritablement au pénible travail des champs et, à la peine et à la souffrance qui en résultaient. La danse qui en découle est donc lente et dans l’imitation des gestes de récolte.

 

Le TOUMBLAK

Qui est enjoué et festif. On dit souvent que c’est le rythme de l’Amour Lorsque très rapide, on parle de « toumblak chiré ». C’est le rythme utilisé pour la fête mais qui symbolise aussi beaucoup l’érotisme, la sensualité et le désir charnel. Sa danse génère donc beaucoup de postures suggestives.

 

Le LEWOZ,

Un rythme de référence du Gwo ka. Rythme de combat, de guerre, surtout dansé par des hommes. Imitation de dispute, de coup porté on retrouve aussi souvent un mimétisme de l’ébriété, de l’ivresse avec le déséquilibre.

 

Le MENNDE

Qui est le rythme de la fête, rythme enjoué, rapide celle qui laisse exploser les pensées les plus libertines, sexuelles, contraires aux bonnes mœurs et qui renvoient à la désinvolture. Beaucoup utilisé lors du carnaval.

 

Le WOULE

Qui accompagnait la construction des routes en pavés de pierre. C’est une sorte de valse, qu’on retrouvait aussi dans les champs pendant les récoltes, c’est un rythme du travail comme le graj.

 

Le PADJANBEL,

Rythme noble qui renvoie au travail mais qui relie aussi les éléments du ciel et de la terre, de la dureté du travail et de l’élégance de l’élévation. Car il exprimait l’idée de l’élévation de son être au-delà du statut d’esclave. C’est un rythme pour se surpasser et se rassembler pour combattre.

 

Le Gwo ka continue à vivre aujourd’hui, dans un but de perpétration de la culture guadeloupéenne et de l’histoire du pays.

Mais est également devenue une musique de rassemblement, de cristallisation des souffrances et revendications du peuple guadeloupéen, et ce, à toutes les époques.

 

Pour conclure …

Les peuples noirs, malgré les tragédies vécues, ont toujours su puiser dans leur créativité pour enrichir leur culture et leur identité.

Le gwo ka est donc une musique de liberté, une musique de résilience, une musique de lutte et une musique qui porteuse de messages depuis plusieurs siècles.

 

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