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Rencontre avec Laurie fondatrice du Club de lecture READ!

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«La meilleure façon de cacher quelque chose à un Noir est de le mettre dans un livre »

C’est le titre d’un article prononcé sur une radio de New-York, les membres du club de lecture READ! eux l’ont bien compris, le savoir est une arme et c’est dans en ce sens qu’ils se réunissent tous les deux mois afin de débattre sur un ouvrage choisi par Laurie (fondatrice du club de lecture).

READ! c’est le Club des auteurs afro, fondé par Laurie dont nous vous parlions dans cet article. Une des fidèles adhérentes au club nous partage son ressenti lors de la dernière session du club et son interview auprès de Laurie.


Session READ! sur l’ouvrage

L’Intraitable beauté du monde : adressé à Barack  Obama d’E.Glissant et P.Chamoiseau  

Une fois de plus READ! ne déroge pas à la règle de nous emmener dans des endroits atypiques. Pour la session d’aujourd’hui, le lieu choisi est le studio Talk Over (Cut Killer y a son studio et Joey Starr y a enregistré son dernier album).

La session démarre sur les chapeaux de roue avec la présentation des participants et leur ressenti sur le livre. Il en ressort qu’il est intéressant mais rempli de paradoxes et peut-être un peu trop utopiste. Mais c’était sans compter l’intervention de Georges Bloess et Maboula Soumahoro (qui a notamment été l’élève d’E.Glissant et qui est aujourd’hui professeur en civilisation américaine et afro-américaine à l’université de Tours et Maître de Conférences) qui défendent avec brio le concept de créolisation et de Tout Monde d’E.Glissant.

Tous les sujets autour de cet essai ont été abordés de la définition de la créolité, le comparatif entre la créolisation et l’universalité à la question de la dette africaine.

Durant les quelques minutes de pause les échanges fusent sur ce que représente Barack Obama mais dérivent aussi vers d’autres sujets tels que l’absence de lobby noir en France, la représentation des minorités dans les médias, etc. READ! est également partenaire des calories (rires) avec un goûter digne de Gargantua.

La session reprendra sur la conclusion et la présentation de livres : « Ti Prens-la, le Petit Prince de Saint-Exupéry » en créole de Caraibeditions, la dernière traduction du livre de Maya Angelou, « Un billet pour l’Afrique » aux éditions les Allusifs et du nouveau mensuel la Revue Littéraire du Monde Noir.

A la fin de la session j’ai tenu à poser quelques petites questions à Laurie afin d’en savoir un peu plus sur elle et parce que ce sont toujours les mêmes questions qui reviennent au cours de ses interviews.


N : Quel était ton objectif en fondant READ! ?

L: En créant READ!, je voulais avant tout partager mes lectures dans un espace convivial et d’une manière décomplexée ! Les livres (une passion qui m’a attrapée en sortant du cursus scolaire bizarrement) me font rire, voyager, pleurer, réfléchir sans sons, sans images, et je souhaitais savoir si d’autres avaient les mêmes sentiments que moi face à ces mots.

L’idée n’est pas du tout de se retrouver entre “intellos” et de faire de l’analyse de texte comme l’école nous l’a inculqué. Mais plutôt de partager ses émotions, ses points de vue d’une manière simple au travers de la lecture

 

N: A ton avis pourquoi la littérature “afro” n’a pas encore trouvé sa place en France ?

L: Ce n’est pas qu’elle n’a pas trouvé sa place en France, c’est plutôt qu’elle n’est que peu considérée. Beaucoup d’auteurs français afro-caribéens ou de l’Afrique francophone qui écrivent en français, ne se retrouvent pas dans les programmes scolaires de l’éducation nationale.

Il est beaucoup plus simple de citer un Victor Hugo, un Rabelais, un Molière qu’un Césaire, qu’un Fanon ou qu’un Cheik Anta Diop, qui sont pourtant des “classiques”, quand on sort de l’école, après le Bac. Malheureusement, il faut attendre leur mort ou le fait qu’être noir soit à la mode aujourd’hui, grâce à un Obama.

 

N : Quelles seraient tes idées pour la promouvoir ?

L : Ma première idée est READ! à répandre et à poursuivre avec authenticité. Ensuite, il y  a beaucoup de projets que je mène ou que je souhaite mener. Par exemple, il y a un nombre considérable d’auteurs qu’on ne retrouve pas dans les bibliothèques municipales, encore dû à un manque de visibilité.

En fait, l’absence de librairies dans les quartiers populaires est un réel problème car il y a encore beaucoup de villes (en IDF) où il n’y en a aucune. Je souhaiterais donc mettre en place un programme éducatif dans les écoles qui parlerait des thèmes abordés par ces auteurs… J’ai pleins d’idées, il faut juste que je développe les moyens !

 

N: Pourquoi avoir choisi de ne pas mettre une cotisation ?

L: Tout d’abord, le fait que chacun des membres de READ! aille dans une librairie et achète son propre livre était mon premier souhait.
La visite d’une librairie amène à être curieux, à être confronté à d’autres livres. Et surtout permet de contribuer aux ventes de livres de ces auteurs. Parce-que ce n’est qu’en montrant leur poids économique et politique, qu’on pourra gagner de la visibilité pour eux.

Les Prix Littéraires aussi apportent leur contribution : Léonora Miano, Dany Lafferière ou Marie NDiaye dernièrement, peuvent en témoigner, je pense.

 

N: Si tu devais partir sur une île et que tu ne pouvais emmener qu’un seul livre ce serait…

L: Un seul, impossible!!! Je tiens trop à ma bibliothèque. Et j’en ai tellement d’autres à découvrir. Mais, en y réfléchissant, ce serait le Petit Robert.

N: Et pourquoi ?

L: Comme dit ma Tante, qui est institutrice, le dictionnaire est le meilleur ami de l’homme. Et je pense que sur une île déserte, ça m’occupera un bon moment !

 

N: Tes futurs projets ?

L: Développer READ! encore et toujours hors du département par exemple. D’ailleurs, j’ai fait une session en Guadeloupe à la Médiathèque du Gosier cet été et les participants ont hâte qu’une prochaine session se fasse !

Et pourquoi ne pas mettre en place des sessions à Marseille, à Dakar, à Bamako, à Cayenne, à Rio de Janeiro ou à Atlanta, avec des ambassadeurs READ! pour chacune de ces villes. En plus, je suis actuellement en train d’élaborer un journal d’association : READ! Le Mag’ afin de donner la parole aux membres, et garder une trace écrite des différentes sessions.

Aucune description de photo disponible.

 

Je terminerai en remerciant Laurie, fondatrice de READ! qui nous permet de pouvoir échanger sur une littérature encore trop méconnue et pour le temps qu’elle m’a accordé.
Nancy Reporter pour My Afro’Week

 


Page facebook : Read! Club de lecture des auteurs afro ou encore le blog : http://readclublog.tumblr.com/. 
Pour en savoir plus et pour s’inscrire aux prochaines sessions : contact@readclub.fr.

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