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3 poétesses afro-latinas à découvrir

Poetesse
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Avez-vous suivi la trend qui a eu lieu en 2024 sur les réseaux ? Des jeunes femmes afrodescendantes de diverses origines arboraient leur plus belle tenue en faisant du play-back sur la voix d’une poésie enflammée : “me gritaron negra”. Cette démarche rend hommage à une grande poétesse afro-latine : Victoria Santa Cruz

Cette dernière s’inscrit dans une longue lignée de poétesses afro-latines qui cherchent à se redéfinir grâce à leur plume.
Découvrons-en quelques unes. 

Victoria Santa Cruz
(Pérou)

Photo de la poétesse Victoria Santa Cruz

Cependant son activisme ne se limite par à son art : elle a également été un grand mentor pour de nombreux artistes afro-péruviens en fondant la compagnie Teatro y Danzas Negras del Perú en 1967

Victoria Santa Cruz (1922-2014) est une figure essentielle de l’histoire péruvienne : poétesse, chorégraphe, dramaturge, elle est devenue une pionnière en célébrant la culture afro-péruvienne. Toutes ses oeuvres exposent avec audace les expériences vécues de cette population. Bien que Me gritaron negra (1978) soit son œuvre la plus connue, elle a également écrit des pièces de théâtre novatrices telles que Malató, Espartambo ou Canto Negro.

 
Un poème de Victoria Santa Cruz :
Me gritaron negra 

¡Negra! Sí / Noire ! Oui
¡Negra! Soy / Noire ! Je suis
¡Negra! Negra / Noire ! Noire !
¡Negra! Negra soy / Noire ! Noire je suis
De hoy en adelante no quiero laciar mi cabello / A partir d’aujourd’hui je ne veux plus lisser mes cheveux

No quiero / Je ne veux plus
Y voy a reírme de aquellos, / Et je vais me moquer de ceux
que por evitar – según ellos – / qui pour éviter – selon eux-
que por evitarnos algún sinsabor / qui pour éviter quelque désagrément Llaman a los negros gente de color / Appellent les noirs des gens de couleur

¡Y de qué color! NEGRO / Et de quelle couleur ! NOIRE
¡Y qué lindo suena! NEGRO / Et comme c’est joli à entendre ! NOIRE
¡Y qué ritmo tiene! / Et quel rythme ça a !

Extrait du poème « Me gritaron negra »

Le saviez-vous ?

Le mois de juin est depuis 2014 le mois de la culture afro-péruvienne ! 

 

Mary Grueso Romero
(Colombie)

Photo de la poétesse Mary Grueso Romero

Bien entendu, elle est  l’auteure de nombreux poèmes mais aussi de contes à destination des enfants (Pelito de Chacarrás, La muñeca negra, La niña en el espejo). 

Mary Grueso (née en 1947) est la première femme afro-colombienne à entrer à la Academia Colombiana de la Lengua. De surcroit, elle reçoit en 2012 le « Premio a la Dedicación del Enriquecimiento de la cultura Ancestral de las comunidades Negras, Raciales, Palenqueras y Afrocolombianas«  par le Ministère de la Culture colombien. Ses oeuvres nous transportent tout au long de ses souvenirs en tant qu’afro-colombienne. 

 
Un poème de Mary Grueso Romero :
Negra soy

Yo tengo mi raza pura / J’ai ma race pure

y de ella orgullosa estoy, / et j’en suis fière,

de mis ancestros africanos / de mes ancêtres africains

y del sonar del tambó. / et du son du tambour.

Yo vengo de una raza que tiene / Je viens d’une race qui a

una historia pa’ contá / une histoire à raconter

que rompiendo sus cadenas / qui en brisant ses chaines

alcanzó la libertá. / a atteint la liberté. 

Extrait du poème « Negra soy » 

Elizabeth Acevedo
(République Dominicaine)

Photo de la poétesse Elizabeth Acevedo

Championne du slam (poésie déclamée dans des espaces publics), ses poèmes traitent avec puissance des différentes oppressions (héritage du colorisme) et de l’invisibilisation dont sont victimes les afro-latines.

Elizabeth Acevedo (née en 1988) est la plus grande poétesse afro-latine de notre génération : son premier ouvrage intitulé Poet X (2018) a remporté de nombreux prix dont le National Book Award for Young people’s Literature

En 2022, elle est nommée Young People’s Poet Laureate par la Poetry Foundation.


Un poème de Elizabeth Acevedo :

Hair 

And I don’t tell them that we love like sugar cane, brown skin, pale flesh, meshed in pure sweetness. The children of children of fields. Our bodies curve into one another like an echo, and I let my curtain of curls blanket us from the world, how our children will be beautiful. Of dust skin, and diamond eyes. Hair, a reclamation.
How I will break pride down their back so from the moment they leave the womb they will be born in love with themselves.

Momma that tells me to fix my hair, and so many words remain unspoken. Because all I can reply is, « You can’t fix what was never broken »

Extrait du poème « Hair »

Traduction : 

Et je ne leur dis pas que nous aimons comme la canne à sucre, peau brune, chair pâle, mêlées dans la pure douceur. Les enfants des enfants des champs. Nos corps s’entrelacent comme un écho, et je laisse mon rideau de boucles nous protéger du monde, comme nos enfants seront beaux. De peau de poussière et d’yeux de diamant. Cheveux, une réclamation. Comment je vais briser la fierté le long de leur dos pour qu’à partir du moment où ils quittent le ventre, ils naissent en s’aimant eux-mêmes.

Maman me dit de coiffer mes cheveux, et tant de mots restent non dits. Parce que tout ce que je peux répondre, c’est : « Tu ne peux pas réparer ce qui n’a jamais été cassé. »

En pointant les préjugés sexistes et racistes auxquels elles sont confrontées, ces poétesses afro-latines se réinventent. 

Leurs poésies mettent en lumière leur fierté vis-à-vis de leur héritage africain dans une démarche de reconstruction identitaire. 
On vous parle également de littérature latina spécialement pour les enfants ICI

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